Les balcons de la Barceloneta, Brou de noix
Les draps flottent au vent. Un alignement parfait de chaussettes, soigneusement rangées par taille et par couleur, un amas impudique de petites culottes et de torchons, jetés pêle-mêle sur la corde à linge, nous en disent long sur leurs propriétaires. Les bonbonnes de gaz, petites touches d’un orange vif, viennent ponctuer gaiement les quelques mètres carrés de terrasse où se juxtaposent sans logique,vélos, jeux d’enfants, ballons d’eau chaude, balais, serpillières, cintres, chaises défraîchies et machine à laver. Car le balcon est tout à la fois débarras, grenier, buanderie et lieu de vie. L’intimité s’étale sur les murs et s’empare de la rue. D’une fenêtre à l’autre, les voisins s’interpellent. Les pères exaspérés somment leurs enfants de rentrer pour déjeuner,les couples règlent leurs comptes à grands éclats de voix et les mamies n’en perdent pas une goutte. Chacun participe à la vie de l’autre, à ses petites misères et à ses joies quotidiennes.