Je me rends aux Orpellières très régulièrement et en toute saison. Je m’y sens un peu chez moi. Le regard aimanté par la ligne d’horizon, j’observe le paysage défiler sans accroc. L’air est pur: aucun voile atmosphérique, aucune poussière ne vient le troubler. La lumière est limpide et chaque élément se dessine avec précision. L’Orb, parfaitement calme, revêt un bleu très dense qui tranche sur toute cette étendue ocre et dorée.
Le Travail de fixation
Peu à peu les sensations se sédimentent, et le souvenir d’un paysage longiligne et dépouillé s’impose : quelques plans qui s’articulent autour de la ligne d’horizon dans une grande sobriété. Pas après pas, le panorama défile lentement; il semble ne pas se modifier.
Je veux rendre compte de ce paysage sans fin, de cet éternel retour. Alors me vient l’idée de créer des modules qui, mis bout à bout, formeront une vue sans cesse renouvelée, un panorama qui pourra défiler en boucle.
« Au fil de l’Orb », 3 eaux-fortes imprimées en 2 couleurs
La réalisation: au fil de l’eau
Je suis retournée dessiner sur le motif afin de capter les multiples nuances de teinte et de lumière et réaliser une vue étendue de la rive. Puis je me suis lancée dans le travail de la gravure, beaucoup plus contraignant que celui du dessin. Les aquarelles me servant de base, j’ai gravé trois paysages à l’eau-forte, sur des plaques de zinc, en veillant à leur continuité.
« l’éternel retour », édition noir et ocre de 6 variations
La réussite d’une composition tient dans l’agencement des différentes parties pour créer un tout harmonieux et cohérent. Dans cette série, j’ai pu jouer à loisir avec mes portions de paysage pour obtenir six variations. Ainsi, chacune de ces vues n’est, «chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre» comme dans le célèbre poème de Verlaine, «mon rêve familier»; un titre qui pourrait parfaitement leur convenir.
« l’éternel retour », édition bleu et ocre de 6 variations